
A lâoccasion de la JournĂ©e internationale des droits des femmes, Gonzague de BligniĂšres et moi avons signĂ© une tribune parue hier (dimanche 7 mai 2021) dans le JDD, qui reprend ces propos de la vice-prĂ©sidente de la Commission EuropĂ©enne, Viviane Reding : â Nous nâaimons pas les quotas, mais nous aimons les effets quâils produisent â.
AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, le 8 mars, de nouvelles propositions engagent Ă faire progresser la place des femmes dans les entreprises. Selon nous, lâune des rĂ©ponses clĂ©s est la paritĂ©. Elle est gage dâune saine gouvernance et nous avons tout Ă gagner Ă lâencourager.
Sept ans aprĂšs la crĂ©ation de RAISE, oĂč la paritĂ© est totale Ă chacun des Ă©chelons, nous nâavons jamais transigĂ© sur cette valeur fondatrice, ni sur le fonctionnement en binĂŽme de nos Ă©quipes, dirigĂ©es par un duo de management femme-homme. La paritĂ© devient ainsi naturellement une source de diversitĂ© et dâharmonie, donc de performance pour lâentreprise.
En outre, au sein de lâĂ©cosystĂšme RAISE, 28% des entreprises que nous soutenons sont fondĂ©es ou cofondĂ©es par des femmes. Si lâon peut se rĂ©jouir de ce chiffre bien supĂ©rieur Ă la moyenne, les rĂ©sultats encourageants ne doivent pas mettre fin aux efforts pour Ă©tablir durablement lâĂ©galitĂ© femmes-hommes, notamment dans les cercles de dĂ©cision. Câest pour cela que nous sommes parties prenantes des actions menĂ©es par France Invest et par SISTA.
Aujourdâhui encore, la gouvernance des entreprises est marquĂ©e par la sous-reprĂ©sentation des femmes. On ne compte que 17% de femmes dans les comex des grandes entreprises françaises, et une seule entreprise du CAC40 est dirigĂ©e par une femme. Pourtant, aprĂšs avoir prĂ©sidĂ© 4 ans le Womenâs Forum, je peux affirmer sans crainte que ces chiffres ne sâauraient sâexpliquer par un manque de compĂ©tence ou dâambition de la part des femmes.
Gonzague de BligniĂšres et moi partageons la conviction quâil est essentiel de mettre entre les mains des femmes le pouvoir de dĂ©cider, dâoĂč lâimportance de les nommer Ă des postes de direction.
En janvier dernier, Bruno Le Maire soulignait la nĂ©cessitĂ© dâĂ©tendre lâinstauration de quotas de femmes au champ des instances dirigeantes (soit aux personnes qui occupent les 10% de postes Ă plus forte responsabilitĂ©). Cette proposition fait Ă©cho Ă la rĂ©ussite de la loi CoppĂ©-Zimmermann, qui fĂȘte ses 10 ans, grĂące Ă laquelle les femmes ont pu accĂ©der aux conseils dâadministration. Bien sĂ»r, Ă lâĂ©poque, cette proposition sâĂ©tait heurtĂ©e Ă des rĂ©ticences, mais elle a permis la professionnalisation du recrutement, la crĂ©ation de formations adaptĂ©es, lâinternalisation et le rajeunissement des conseils. Aujourdâhui, la majoritĂ© sâaccorde Ă dire que cette loi a Ă©tĂ© un succĂšs, la France est dĂ©sormais montrĂ©e en exemple sur la scĂšne internationale.
Il est vrai que, comme toutes les questions de discrimination positive, celle des quotas entraĂźne avec elle la charge, pour celles et ceux qui en bĂ©nĂ©ficient, dâapporter â par leurs qualitĂ©s professionnelles â la preuve de leur lĂ©gitimĂ©. En ce quâils pourraient faire croire que les femmes ne seraient pas choisies pour leurs qualitĂ©s propres, les quotas mettent sur leurs Ă©paules une responsabilitĂ© supplĂ©mentaire : celle dâassumer leur situation. Il faut dâailleurs saluer la prise de position symbolique dâUrsula von der Leyen, qui a dĂ©clarĂ© fin 2020 en couverture du magazine Stern : â Ich bin eine Quotenfrau â (â Je suis une femme quota â), bientĂŽt suivie par la Ministre AgnĂšs Pannier-Runacher, qui a Ă©galement fait taire toute ambigĂŒitĂ© en affirmant quâelle devait Ă lâobligation de paritĂ© sa nomination au sein du gouvernement.
Il ne sâagit pas de justice ou de morale, lâĂ©galitĂ© femme-homme est une grande richesse pour une entreprise. Qui plus est, lâinclusivitĂ© et la diversitĂ© sont vecteurs de performance. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par le Bureau international du travail en 2019 prouve dâailleurs que les entreprises qui promeuvent la mixitĂ© au moyen de politiques internes ont 31% de chances supplĂ©mentaires que les autres de voir leurs rĂ©sultats commerciaux en hausse.
Ainsi, les quotas sont une solution, lĂ oĂč le mentorat par exemple, peut en constituer une autre. Nous pensons quâil faut voir cela comme une initiation Ă lâinnovation et Ă lâouverture, au bĂ©nĂ©fice du plus grand nombre. Surtout, cela devrait pousser les recruteurs Ă repenser leur maniĂšre dâattirer et dâintĂ©grer les plus jeunes, pour rĂ©pondre aux aspirations sociĂ©tales et existentielles des gĂ©nĂ©rations montantes, qui nâentendent pas sacrifier le sens au profit.
Porter lâambition de la bienveillance, de la paritĂ© et plus encore de la diversitĂ©, garante de lâouverture sur le monde, est un combat qui fait notre fiertĂ© chez RAISE. Gonzague de BligniĂšres et moi croyons que lâĂ©mancipation professionnelle des femmes est un puissant levier de la croissance Ă©conomique. Souhaitons que beaucoup dâautres dirigeants en soient convaincus pour faire que la diffĂ©rence ne soit plus un obstacle Ă lâĂ©galitĂ© professionnelle.
Clara Gaymard & Gonzague de BligniĂšres,
Co-fondateurs du Groupe RAISE
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